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Les phares de Belle-Île.


Outre les feux des ports, trois phares signalent
les côtes de Belle-Île aux navigateurs :
le Grand Phare de Bangor,
le phare de la pointe des Poulains
et celui de Kerdonis.



Le nombre de naufrages sur les côtes de l’île,
par temps de brume ou la nuit, a toujours
préoccupé les autorités maritimes.

En 1733, on envisage déjà d’installer un fanal
à la pointe du Skeul, mais aucune suite n’est donnée.

Plus tard, un mémoire de 1805 prévoit l’édification
d’une tourelle à la pointe des Poulains, sans plus de succès,
et il faut attendre le 1er janvier 1836 pour voir s’éclairer
le premier phare de l’île : le Grand Phare de Bangor.
ex voto
Ex-voto de l’église de
Locmaria représentant des
femmes en prière sur la
côte un jour de tempête.

En septembre 1869, l’îlot des Poulains est à son tour « éclairé » et l’année  suivante  
une décision ministérielle prescrit l’établissement d’un phare au  sud de l’île.

La pointe du Skeul est d’abord retenue pour son implantation, mais la préférence
est accordée au site de Kerdonis dont le phare est mis en service en 1879.

(Extrait de LOCMARIA PAR LES VALLONS ET LES CÔTES par Michèle Bardoux, Carlette
Portier, Jacques Poutord, Régine Thomas. Ed : Société historique de Belle-Île-en-Mer. 2002)


Le Grand Phare
et la sirène de brume




Malgré les demandes formulées par les marins
depuis le XVIIIe siècle, c'est seulement en 1822
que le gouvernement décide d'établir un phare
de 1re classe à Belle-Île.

L'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées
du département, M. Luczot, se met aussitôt
en rapport avec les autorités insulaires pour
déterminer le lieu d'implantation.

Les premiers emplacements envisagés
sont les hauteurs de Runello, la pointe
du Grand Guet, puis la côte de Bornor
(sur la commune de Bangor).
grand phare
le Grand Phare


Grand Phare
Le Grand Phare à la fin du XIXe siècle
(cl. Maurice Lorois).
En janvier 1826, le projet présenté par Luczot - et fortement remanié par
le physicien Fresnel - est approuvé par le ministre :
le phare de Belle-Île aura 53 m de hauteur au-dessus du sol,
non compris la lanterne.

Dès le mois suivant, les travaux sont adjugés à deux entrepreneurs,
MM. Faivre et Bordais.

Les approvisionnements en matériaux, le recrutement de la main d'œuvre
sont engagés aussitôt ; mais, dans le courant de la même année, un  
changement d'implantation perturbe les travaux :
il est décidé d'élever le phare près de Kervilahouen et non plus à Bornor.

L'entreprise va rencontrer d'autres difficultés : la préfecture interdit
à Jean-Louis Trochu  (qui a remplacé Bordais à la fin de 1827)
de prélever son granit dans les champs de menhirs d'Erdeven
et il est contraint de recourir à des carrières plus éloignées,
ce qui entraîne  un surcoût.

Les entrepreneurs menacent alors de résilier leur contrat si une révision des prix
n'est pas acceptée. Enfin, de nouveaux ingénieurs mettent en cause la stabilité
du phare tel qu'il est conçu et les travaux sont suspendus à la fin de l'année 1829.

Le phare ne mesure alors que 6 m au-dessus du sol.

Trois années se passent en discussions, en études de mémoires et établissements
de contre-projets sur l'achèvement du phare.
Grand Phare


plaque

Plaque commémorative de la construction.
En 1832, le conseil général des Ponts et Chaussées
décide de réduire la hauteur de la colonne de 10 m,
ce qui entraîne une révision des tarifs du cahier
des charges donnant satisfaction aux entrepreneurs.

Le 11 mai 1833, Alexandre Potel, nouvel ingénieur chargé
de la construction du phare, donne l'ordre de reprendre les travaux.

Dans la seule campagne de 1834, la colonne est élevée de 27,33 m.

Moins de trois ans plus tard, le 1er janvier 1836,
le phare de Belle-Île est allumé.

Il sera électrifié en 1892.

Depuis 1995, le Grand Phare est inscrit à
l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.


Le Grand Phare et ses légendes

On raconte encore à Bangor que l'élévation du phare à une telle hauteur n'a été possible
que grâce à des remblais de terre autour de la colonne (comme au temps des pyramides),
permettant aux brouettes de monter les matériaux de construction.
Il n'en fut rien : un mémoire de l'ingénieur Potel, publié en 1835, décrit avec précision
l'échafaudage volant mis au point par J.-L. Trochu pour monter les pierres de taille
par l'intérieur de la tour.

Grand Phare
Échafaudage mis au point par J.-L. Trochu.

Une trentaine d'années après sa construction, sa hauteur suscite encore
un émerveillement mêlé de crainte. Dans des souvenirs de voyages publiés en 1864,
on peut lire à son sujet : « La tour est ronde, en granit de la plus belle espèce ;
malgré sa solidité et la largeur de son diamètre, elle oscille sensiblement
dans les jours  de tempête…
Les gardiens eux-mêmes n'osent entrer dans la lanterne qu'à plat-ventre car la tour oscille
au point qu'ils pourraient être renversés, et briser en tombant les vitres du phare. »



Le petit bâtiment implanté sur la falaise entre Port Goulphar
et les Aiguilles de Port Coton abrita une sirène de brume
jusqu'en 1987.

Ce système d’alarme sonore était destiné à signaler
l'approche des côtes aux navires par mauvais temps ;

il avait été prescrit par une décision ministérielle de 1889
comme complément des modifications apportées aux phares
lors de leur électrification.

Le Grand Phare étant trop éloigné de la côte, la sirène
ne pouvait être placée à son sommet et ce bâtiment
fut construit pour l’abriter.
sirène
La sirène de brume sur la falaise
entre Goulphar et Port Coton.

sirène
La sirène de brume.
La sirène est mise en service en 1892.
Elle est actionnée à partir du Grand Phare par une liaison électrique
et par une canalisation d'air comprimé produit dans une annexe du phare.
Le creusement de la tranchée destinée à ces conduits (1 m de profondeur
sur plus de 1 200 m de longueur) est demeuré dans les mémoires des anciens
et est à l'origine des légendes qui voudraient qu'un souterrain relie le Grand
Phare à la côte.

Pour améliorer la portée du son en mer, dans la direction de la zone
dangereuse, deux murs-écrans, qui ont aujourd'hui disparu,
sont construits en 1935.

Depuis 1995, le bâtiment est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des
monuments historiques avec le commentaire suivant :
« La sirène de brume à Bangor présente au point de vue de l'histoire
et de l'art un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation
en raison de l'intérêt de ce bâtiment, complément contemporain
du Grand Phare de Belle-Île. »
(Extrait de BANGOR ENTRE CAMPAGNE ET MER SAUVAGE par Carlette Portier et Jacques Poutord.
Ed : Société historique de Belle-Île-en-Mer. 2004)

Le phare de Kerdonis


Entre le village de Kerdonis et la côte se trouve
un phare dont l’établissement est décidé en 1873.


Il est construit en 1877-1878 par deux entrepreneurs
de Belle-Île sur un emplacement situé à 30 m au-dessus
de la mer et sa tour présente une forme différente
de celle du phare des Poulains pour éviter toute confusion de jour.


Il est éclairé le 1er juin 1879.

 


Kerdonis
Le phare de Kerdonis (cl. A. Samzun).

Kerdonis
Les enfants Matelot et leur mère,
devant le phare de Kerdonis.
Quelques années plus tard, le phare de Kerdonis devient célèbre :

le 18 avril 1911, le décès brutal d’Alexandre Matelot, le gardien,
amène les aînés de ses enfants, âgés de onze et treize ans,
à faire tourner le fanal toute une nuit pendant que leur mère
veille le mort.

La presse donne à cet événement une dimension nationale,
et ce fait divers, souvent romancé, sera repris sous les formes
les plus diverses ; Théodore Botrel compose sur ce thème
une chanson : « Les petits gardiens du feu ».
(Extrait de LOCMARIA PAR LES VALLONS ET LES CÔTES par Carlette Portier, Régine Thomas,
Michèle Bardoux,
Jacques Poutord. Ed : Société historique de Belle-Île-en-Mer. 2002)


Le phare des Poulains

Le projet de construire une tourelle sur la pointe
des Poulains est évoqué, dès 1805, dans un mémoire
sur le port de Sauzon.

Mais il faut attendre le mois de mai 1865 pour qu’une
décision ministérielle prescrive l’établissement d’un
fanal sur ce site.

Le projet, soumis au Génie militaire, ne rencontre
aucune objection dans la mesure où « la défense ne
peut que gagner à l'établissement de l'édifice projeté
qui sera évidemment occupé en temps de guerre ».

Une ancienne batterie, implantée sur la pointe des
Poulains et remise aux Domaines en 1851, est cédée
aux Ponts et Chaussées par arrété présidentiel
du 10 novembre 1866.

Le 25 janvier suivant les travaux peuvent être adjugés.
les Poulains
Le phare des Poulains (cl. B. Bal).

Dans les mois qui suivent, le projet initial est modifié, les ingénieurs ayant constaté
« que la mer envoie avec ses embruns une quantité considérable de pierrailles
jusque sur l’emplacement qui avait été assigné au fanal ».

Leur proposition de reculer de 60 m l’emplacement du phare est approuvée
par un décret ministériel d’avril 1867 et, aussitôt, les travaux commencent.

Le feu qui devait être allumé le 1er août 1869 ne le sera que le 15 septembre suivant.

Poulains
Carte postale du début du XXe siècle
représentant le phare des Poulains.
Dans l’avis aux navigateurs, diffusé lors de l’allumage,
l’édifice est décrit comme une tour carrée en maçonnerie, peinte en blanc, avec soubassement ;

son élévation au-dessus du sol est de 14,50 m
et de 34 m au-dessus des plus hautes mers.

Sa portée est de 14 milles.